C'est arrivé un 1er septembre
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C'est arrivé un 1er septembre
1er septembre 338 avant JC : Athènes perd la liberté à Chéronée
Le 1er septembre de l'an 338 avant JC, Athènes et Thèbes se heurtent à l'armée macédonienne. La bataille a lieu à Chéronée, au nord de la Grèce, en Béotie, non loin du célèbre défilé des Thermopyles.
C'en est fini à tout jamais de l'indépendance des cités grecques et de la plus prestigieuse d'entre elles, Athènes.
- Démosthène contre Philippe
Un siècle plus tôt, Athènes dominait le monde grec sous le gouvernement du grand Périclès. Ses penseurs et ses artistes créaient des oeuvres vouées à l'immortalité. Mais les guerres intestines ont affaibli les cités et le petit royaume semi-barbare de Macédoine en a profité pour se renforcer sous la poigne énergique du roi Philippe II
À Athènes, Démosthène s'évertue à ouvrir les yeux de ses concitoyens sur le danger macédonien. Souffrant dans sa jeunesse d'un ridicule bégaiement, il a réussi à le surmonter à force de volonté et d'énergie et est devenu l'orateur le plus célèbre de la Grèce antique, consacrant toute sa vie à la lutte contre Philippe II et Alexandre le Grand.
Ses harangues dénommées Philippiques et Olynthiennes (du nom d'Olynthe, une cité portuaire conquise par Philippe II), restent de remarquables témoignages de l'art oratoire. Mais elles ne suffisent pas à arrêter les phalanges macédoniennes. La langue française conserve leur souvenir sous la forme d'un nom commun, philippique, qui désigne encore aujourd'hui une harangue violente.
- Fin de l'indépendance grecque
À Chéronée, le roi Philippe II de Macédoine et son fils Alexandre remportent une victoire complète grâce à leur infanterie, organisée en redoutables phalanges, et à leur cavalerie, que commande Alexandre, à peine âgé de 18 ans.
Le jeune prince emporte la décision en taillant en pièces le bataillon des Thébains. Son père, lui-même remarquable homme d'État et conquérant, lui aurait lancé, admiratif : «Mon fils, cherche-toi un autre royaume car celui que je te laisse est trop petit pour toi ! »
Désormais, Athènes doit se soumettre comme le reste de la Grèce à un roi à demi-barbare (ou considéré comme tel).
Après la défaite de Chéronée et l'échec d'un ultime soulèvement, Athènes entre dans l'alliance macédonienne et participe avec Alexandre le Grand à la conquête de l'empire perse.
Démosthène se suicide par le poison quinze ans plus tard, à 62 ans, après avoir tenté de soulever une nouvelle fois sa cité contre Antipater, le général macédonien qui a succédé à Alexandre à la tête de la Grèce.
- Réconciliation sur le dos des Perses
Ayant soumis la Grèce, Philippe II prend le titre d'hégémon (guide ou protecteur des Grecs). Il s'apprête à se retourner contre les Perses de la dynastie achéménide, ceux-là même qui attaquèrent la Grèce deux siècles plus tôt, à l'époque des guerres dites médiques.
Cette expédition est destinée à libérer les cités grecques d'Asie, que les Perses ont à nouveau occupées, ainsi qu'à rapprocher Grecs et Macédoniens en vue de mettre fin à leurs querelles fratricides.
Mais Philippe II est assassiné en 336 avant JC par l'un de ses hommes, qui craint à juste titre la perspective d'une guerre dans la lointaine et mystérieuse Asie. C'est donc son fils Alexandre III (20 ans) qui reprend à son compte ce projet.
Avant de partir à la conquête de l'Asie, le nouveau roi de Macédoine Alexandre III établit la sécurité sur les frontières nord du royaume, en Illyrie et le long du Danube.
Les cités grecques veulent en profiter pour s'émanciper mais Alexandre réagit avec célérité. Il détruit Thèbes au son des flûtes... À l'exception de la maison du poète Pindare et des temples. Par contre, il respecte Athènes, par amour de son passé prestigieux et par souci de se rallier ses élites.
- La route de la gloire
Le nouveau généralissime des Grecs prépare avec soin l'expédition d'Asie. Fort d'une autorité charismatique sur ses hommes et entouré d'excellents généraux (Parménion, Séleucos, Ptolémée, Antigone...), il veille aussi à bien organiser ses lignes de ravitaillement et ses liaisons avec l'arrière.
Il franchit le détroit du Bosphore avec environ 40.000 soldats macédoniens et grecs, dont 5.000 cavaliers qui lui seront très utiles au plus fort des combats, et se lance aussitôt à la poursuite de Darius III, le roi des Perses.
Au départ, il ne s'agit dans son esprit que d'une expédition punitive contre les Perses mais au fil des combats, elle va déboucher sur la plus fabuleuse épopée de tous les temps. -
1er septembre 1651 : Robinson Crusoé s'embarque pour l'aventure
Le 1er septembre 1651, Robinson Crusoé s'embarque pour 28 ans d'aventures...
C'est du moins ce que raconte Daniel Defoë dans son roman paru en 1719. L'histoire s'inspire d'une situation assez fréquente à la grande époque de la marine à voile et de la piraterie, celle d'un marin abandonné par son capitaine sur une île déserte pour cause de désobéissance.
Le marin qui inspira Daniel Defoë s'appelle Alexander Selkirk. A 30 ans, il est recueilli par le capitaine Woodes Roger à bord du Duc le 2 février 1709 et raconte quatre ans plus tard ses aventures (Voïage autour du monde). Daniel Defoë en tirera l'histoire de son héros sans jamais avoir rencontré l'auteur.
Fils d'un tanneur écossais, Alexander Selkirk choisit de prendre la mer. Navigant dans l'océan Pacifique en 1704 en qualité de second sur le Cinq-Ports, il se plaint de l'état du navire et s'oppose à son capitaine sur l'opportunité de poursuivre la route. Il demande de lui-même à être abandonné sur un îlot inconnu à 600 kilomètres du Chili (finalement, le voilier s'échouera sur la côte péruvienne, ne laissant que huit rescapés... aussitôt emprisonnés par les autorités locales !).
L'îlot sur lequel se retrouve Selkirk est un rocher escarpé à la végétation luxuriante qui culmine à 900 mètres. Il est habité par des milliers de chèvres mais aussi des chats, les uns et les autres abandonnées par de précédents naufragés, des phoques etc.
Après sa libération par un équipage de compatriotes, Selkirk va rapidement réapprendre les usages sociaux et se marier. Reprenant la mer comme quartier-maître, il mourra en pleine mer en 1721... deux ans après la parution de Robinson Crusoé.
Véritable phénomène de société en Angleterre et sur le Continent, le roman Robinson Crusoé va alimenter la croyance des lecteurs du XVIIIème siècle en un bonheur simple près de la nature, loin des artifices de la société.
Le phénomène culminera avec la publication de Paul et Virginie en France, en 1788, à la veille de la Révolution. Ce court roman aura d'emblée un grand succès et nourrira le moralisme rédempteur des bourgeois de la Convention.
Son auteur, Bernardin de Saint-Pierre, fut un fervent lecteur de Robinson Crusoé.
C'est du moins ce que raconte Daniel Defoë dans son roman paru en 1719. L'histoire s'inspire d'une situation assez fréquente à la grande époque de la marine à voile et de la piraterie, celle d'un marin abandonné par son capitaine sur une île déserte pour cause de désobéissance.
- Du fait divers...
Le marin qui inspira Daniel Defoë s'appelle Alexander Selkirk. A 30 ans, il est recueilli par le capitaine Woodes Roger à bord du Duc le 2 février 1709 et raconte quatre ans plus tard ses aventures (Voïage autour du monde). Daniel Defoë en tirera l'histoire de son héros sans jamais avoir rencontré l'auteur.
Fils d'un tanneur écossais, Alexander Selkirk choisit de prendre la mer. Navigant dans l'océan Pacifique en 1704 en qualité de second sur le Cinq-Ports, il se plaint de l'état du navire et s'oppose à son capitaine sur l'opportunité de poursuivre la route. Il demande de lui-même à être abandonné sur un îlot inconnu à 600 kilomètres du Chili (finalement, le voilier s'échouera sur la côte péruvienne, ne laissant que huit rescapés... aussitôt emprisonnés par les autorités locales !).
L'îlot sur lequel se retrouve Selkirk est un rocher escarpé à la végétation luxuriante qui culmine à 900 mètres. Il est habité par des milliers de chèvres mais aussi des chats, les uns et les autres abandonnées par de précédents naufragés, des phoques etc.
S'accommodant non sans mal de la solitude, Selkirk aménage de ses mains une cabane et apprend à tirer des chèvres l'essentiel de sa nourriture (ainsi que ses vêtements). Il s'occupe l'esprit en lisant la Bible et récite à haute voix ses prières pour ne pas perdre l'usage de la parole... Un jour, un vaisseau accoste sur l'îlot mais il s'agit d'Espagnols etces ennemis acharnés des Britanniques prennent en chasse le malheureux ermite qui finalement leur échappe. |
- ... au mythe
Véritable phénomène de société en Angleterre et sur le Continent, le roman Robinson Crusoé va alimenter la croyance des lecteurs du XVIIIème siècle en un bonheur simple près de la nature, loin des artifices de la société.
Le phénomène culminera avec la publication de Paul et Virginie en France, en 1788, à la veille de la Révolution. Ce court roman aura d'emblée un grand succès et nourrira le moralisme rédempteur des bourgeois de la Convention.
Son auteur, Bernardin de Saint-Pierre, fut un fervent lecteur de Robinson Crusoé.
1er septembre 1715 : Avènement de Louis XV
Louis XIV s'éteint à Versailles le 1er septembre 1715, quatre jours avant son soixante-dix-septième anniversaire. Nul, dans le monde, n'aura régné aussi longtemps que lui (72 ans). Le Roi-Soleil laisse une France au sommet de sa puissance mais épuisée par les guerres, en particulier la dernière : la guerre de la Succession d'Espagne. Son arrière-petit-fils de 5 ans lui succède sous le nom de Louis XV.
Le Roi-Soleil a institué par testament un Conseil de régence présidé par le duc Philippe d'Orléans (41 ans), premier prince du sang. Mais comme il se méfie de ce neveu qui a la réputation d'un débauché et lorgne sur le trône, il prévoit de confier l'éducation du petit roi au duc du Maine, le fils qu'il a eu de Mme de Montespan !
Mécontent de ces dispositions, Philippe d'Orléans demande dès le lendemain au Parlement de Paris de casser le testament. En échange de ce service, les parlementaires obtiennent que leur soit restitué le droit de remontrance. Fatale concession qui va altérer le pouvoir royal jusqu'à la Révolution !
Le Roi-Soleil a institué par testament un Conseil de régence présidé par le duc Philippe d'Orléans (41 ans), premier prince du sang. Mais comme il se méfie de ce neveu qui a la réputation d'un débauché et lorgne sur le trône, il prévoit de confier l'éducation du petit roi au duc du Maine, le fils qu'il a eu de Mme de Montespan !
Mécontent de ces dispositions, Philippe d'Orléans demande dès le lendemain au Parlement de Paris de casser le testament. En échange de ce service, les parlementaires obtiennent que leur soit restitué le droit de remontrance. Fatale concession qui va altérer le pouvoir royal jusqu'à la Révolution !
1er septembre 1863 : La Journée des Princes
Le 1er septembre 1863, l'empereur d'Autriche François-Joseph 1er convie à Francfort tous les chefs d'État allemands. Il rêve de transformer avec eux la Confédération germanique en une véritable confédération dotée d'un gouvernement central.
Mais, à Berlin, le nouveau chancelier Otto von Bismarck s'oppose au projet. Il souhaite l'unité allemande mais veut qu'elle se fasse autour de la Prusse, pas de l'Autriche.
Bismarck convainc habilement son souverain, le roi Guillaume 1er, de ne pas se rendre au rendez-vous. Cette absence de marque provoque le fiasco de la «Journée des Princes».
Là-dessus, le chancelier conclut avec la France un traité de commerce, ce qui lui vaut l'amitié de l'empereur des Français Napoléon III. Mieux encore, il signe une convention militaire avec le tsar Alexandre II pour l'aider à réprimer un soulèvement de la Pologne. L'amitié du tsar allait lui laisser les mains libres dans ses entreprises ultérieures.
L'habile chancelier n'attend plus que l'occasion d'ouvrir les hostilités avec l'Autriche multiculturelle pour couper les liens qui rattachent encore celle-ci aux États allemands. L'occasion surviendra l'année suivante avec l' affaire des duchés danois. -
Mais, à Berlin, le nouveau chancelier Otto von Bismarck s'oppose au projet. Il souhaite l'unité allemande mais veut qu'elle se fasse autour de la Prusse, pas de l'Autriche.
Bismarck convainc habilement son souverain, le roi Guillaume 1er, de ne pas se rendre au rendez-vous. Cette absence de marque provoque le fiasco de la «Journée des Princes».
Là-dessus, le chancelier conclut avec la France un traité de commerce, ce qui lui vaut l'amitié de l'empereur des Français Napoléon III. Mieux encore, il signe une convention militaire avec le tsar Alexandre II pour l'aider à réprimer un soulèvement de la Pologne. L'amitié du tsar allait lui laisser les mains libres dans ses entreprises ultérieures.
L'habile chancelier n'attend plus que l'occasion d'ouvrir les hostilités avec l'Autriche multiculturelle pour couper les liens qui rattachent encore celle-ci aux États allemands. L'occasion surviendra l'année suivante avec l' affaire des duchés danois. -
1er septembre 1923 : Tokyo détruite par un séisme
Le 1er septembre 1923, à 11h58, l'un des plus gros tremblements de terre enregistrés au Japon ravage la plaine très peuplée du Kanto, situé à Honshu, l'île principale de l'archipel.
D'une magnitude de 7,9 sur l'échelle de Richter, il détruit la ville de Tokyo et ses environs, touchant également les villes de Yokohama, Kanagawa et Shizuoka. La plupart des maisons, construites en bois, s'écroulent sur les habitants. Des incendies se propagent un peu partout, ajoutant à la confusion, et, pour finir, un tsunami vient balayer une partie de la plaine. Le bilan est dramatique : au moins 200.000 morts, plus de 500.000 bâtiments détruits et 2 millions de sans abris.
L'écrivain Paul Claudel, ambassadeur de France au Japon, est témoin du drame : «Tout bougeait, c'est une chose d'une horreur sans nom que de voir autour de soi la terre bouger comme emplie tout à coup d'une vie monstrueuse et autonome. Ma vieille ambassade se débattait au milieu de ses étais comme un bateau amarré». Il décide d'aller secourir les Français présents et décrit l'apocalypse qui frappe Tokyo : «Les incendies ont commencé de toutes parts les colonnes de fumées s'élèvent, les voies d'eau sont coupées, les pompes écrasées sous les ruines, le vent souffle en tempête, c'est un typhon qui passe en ce moment sur la capitale...»
Le feu, alimenté par des vents puissants, cause finalement le plus grand nombre de victimes et dans la panique, les Japonais accusent les Coréens présents dans la région d'entretenir les foyers pour piller et rançonner à leur guise, ce qui provoque une chasse à l'homme, stoppée par l'instauration de la loi martiale. On estime à 6.000 le nombre de Coréens massacrés en quelques jours.
D'une magnitude de 7,9 sur l'échelle de Richter, il détruit la ville de Tokyo et ses environs, touchant également les villes de Yokohama, Kanagawa et Shizuoka. La plupart des maisons, construites en bois, s'écroulent sur les habitants. Des incendies se propagent un peu partout, ajoutant à la confusion, et, pour finir, un tsunami vient balayer une partie de la plaine. Le bilan est dramatique : au moins 200.000 morts, plus de 500.000 bâtiments détruits et 2 millions de sans abris.
L'écrivain Paul Claudel, ambassadeur de France au Japon, est témoin du drame : «Tout bougeait, c'est une chose d'une horreur sans nom que de voir autour de soi la terre bouger comme emplie tout à coup d'une vie monstrueuse et autonome. Ma vieille ambassade se débattait au milieu de ses étais comme un bateau amarré». Il décide d'aller secourir les Français présents et décrit l'apocalypse qui frappe Tokyo : «Les incendies ont commencé de toutes parts les colonnes de fumées s'élèvent, les voies d'eau sont coupées, les pompes écrasées sous les ruines, le vent souffle en tempête, c'est un typhon qui passe en ce moment sur la capitale...»
Le feu, alimenté par des vents puissants, cause finalement le plus grand nombre de victimes et dans la panique, les Japonais accusent les Coréens présents dans la région d'entretenir les foyers pour piller et rançonner à leur guise, ce qui provoque une chasse à l'homme, stoppée par l'instauration de la loi martiale. On estime à 6.000 le nombre de Coréens massacrés en quelques jours.
1er septembre 1924 : Le plan Dawes entre en vigueur
Le 1er septembre 1924 entre en vigueur le plan Dawes, du nom du banquier américain Charles Dawes qui l'a élaboré. Adopté à Londres par un comité d'experts, il fixe le montant des réparations dues par l'Allemagne au titre du traité de Versailles et prévoit leur paiement sous la forme d'un emprunt ainsi que d'impôts avec, pour les Alliés, des gages sur l'industrie et les chemins de fer allemands. Une Banque centrale allemande (Reischsbank) doit éviter le retour de l'inflation. Il est prévu une mise sous tutelle de l'économie allemande pendant cinq ans et l'évacuation progressive de la Ruhr par les troupes françaises et belges.
Le plan Dawes va plutôt bien fonctionner jusqu'au plan Young qui prendra sa suite en 1929. L'Allemagne va payer l'essentiel des réparations mais la crise économique de 1929 et la montée des tensions politiques enterreront définitivement le reliquat dès 1932.
Le plan Dawes va plutôt bien fonctionner jusqu'au plan Young qui prendra sa suite en 1929. L'Allemagne va payer l'essentiel des réparations mais la crise économique de 1929 et la montée des tensions politiques enterreront définitivement le reliquat dès 1932.
1er septembre 1939 : La Wehrmacht envahit la Pologne
L'armée allemande franchit la frontière polonaise le 1er septembre 1939 sur ordre de Hitler. Pour l'opinion mondiale, il ne fait guère de doute que cette agression sans déclaration de guerre préalable marque le début de la Seconde Guerre mondiale.
Fort de ses premiers succès sur la scène internationale, Hitler ne tarde pas à revendiquer Dantzig (Gdansk en polonais), port polonais sur la mer Baltique qui coupe en deux le territoire du IIIe Reich et isole la Prusse orientale du reste de l'Allemagne. Ce «corridor de Dantzig» est un non-sens issu du traité de Versailles de 1919 qui était fatalement appelé à devenir une pomme de discorde entre les deux pays.
Dès le 31 mars, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain proclame son soutien à la Pologne. De son côté, le chef d'état-major français Maurice Gamelin rassure ses homologues polonais sur la détermination de la France à les aider de tout son poids... Pour Londres comme pour Paris, il n'est plus question de reculer face à Hitler comme à Munich à propos de la question sudète.
Coupant court aux négociations sur le «corridor de Dantzig», le Führer prend prétexte d'une prétendue attaque polonaise survenue dans la nuit sur la frontière orientale de l'Allemagne pour attaquer son voisin sans s'embarrasser d'une déclaration de guerre. En fait d'attaque, il s'agit d'une macabre machination montée par l'armée allemande avec des cadavres de détenus revêtus d'uniformes polonais.
L'Angleterre se résigne à déclarer la guerre à l'Allemagne le 3 septembre après avoir jusqu'au dernier moment espéré une paix de compromis. La France agit de même cinq heures après et lance une dérisoire offensive sur quelques kilomètres en Sarre. Mais pendant les mois qui suivent, les deux alliés restent l'arme au pied, derrière la ligne Maginot, un ensemble de fortifications qui protègent la France sur sa frontière avec l'Allemagne. C'est la «drôle de guerre»...
Pendant ce temps, les bombardiers allemands clouent au sol l'aviation polonaise et détruisent les infrastructures, ponts, casernes et gares, entravant ainsi la mobilisation de l'armée polonaise, réputée être la cinquième d'Europe. La moitié de ses 42 divisions sont empêchées d'atteindre le front !
Présumant de ses forces, le maréchal Rydz-Smigly, inspecteur général de l'armée polonaise, concentre ses troupes à l'entrée du corridor de Dantzig en vue d'une marche sur Berlin ! Il escompte qu'à la frontière nord et sud, les marais et les crêtes suffiront à arrêter les troupes allemandes.
Or, c'est précisément à ces endroits-là que la Wehrmacht va porter ses efforts en s'appuyant sur ses divisions blindées, les fameuses Panzerdivisionen. Par une percée au nord à partir de la Prusse orientale et au sud à partir de la Slovaquie et de la Silésie, elle prend l'armée polonaise en tenaille.
Elle enfonce le front par des attaques combinées des chars et de l'aviation, celle-ci procédant à des attaques en piqué avec ses stukas au sinistre sifflement. Cette «guerre éclair» d'un nouveau style stupéfie les stratèges européens mais ceux-ci négligeront d'en tirer les leçons et ils seront tout autant surpris quelques mois plus tard, quand Hitler emploiera la même stratégie dans son offensive contre la France, la Hollande et la Belgique !
Dès le 14 septembre, la IIIe armée allemande de von Küchler, venue du nord, rejoint à l'est de Varsovie la Xe armée de von Reichenau venue de Silésie. La capitale polonaise est dès lors assiégée. Le sort de la guerre est joué.
Trois jours plus tard, l'Armée rouge de Staline s'invite au festin sans s'embarrasser non plus d'une déclaration de guerre. Elle pénètre en Pologne orientale en vertu du pacte de non-agression conclu avec Hitler le 24 août précédent et qui prévoit un partage du malheureux pays. Le gouvernement polonais se réfugie en Roumanie et Varsovie capitule le 27 septembre après une courte mais héroïque résistance.
La Pologne est le même jour partagée entre les deux larrons conformément à leur accord secret. Tandis que l'ouest revient à l'Allemagne, l'Union soviétique annexe la partie orientale et reporte sa frontière sur la «ligne Curzon», du nom de lord Curzon, secrétaire du Foreign Office britannique qui, en 1919, dans la foulée du traité de Versailles, avait dessiné les frontières de la Pologne reconstituée. Les Polonais, victorieux de la Russie bolchévique en 1920, avaient imprudemment reporté à l'est leur frontière. Staline rétablit donc en 1939 la ligne Curzon et c'est toujours celle-ci qui marque la limite orientale de la Pologne.
Dans la foulée de leur victoire sur la Pologne, Hitler attaque le Danemark et la Norvège et Staline la Finlande. En dépit d'une résistance héroïque, cette dernière doit finalement se soumettre comme les autres pays et signer un armistice le 12 mars 1940. Déçus par la Finlande, les Français et les Anglais le sont aussi par la Norvège. Dans ce pays, leur corps expéditionnaire doit en mars 1940 se replier en catastrophe et laisser aux nazis le contrôle du pays ainsi que l'accès aux très riches mines de fer de Suède.
Ces premiers échecs causent la chute des deux chefs de gouvernement temporisateurs, qui furent aussi les signataires des accords de Munich. Le Français Édouard Daladier est remplacé par Paul Reynaud le 21 mars. Une semaine plus tard, celui-ci signe avec le Premier ministre britannique Neville Chamberlain un engagement mutuel à ne pas conclure d'armistice ou de traité de paix séparé.
Le 10 mai 1940, le Führer met fin à la «drôle de guerre» sur le front occidental en envahissant la Belgique. Le même jour, en soirée, Winston Churchill succède à Chamberlain au 10, Downing Street avec la ferme volonté de résister au nazisme et de le vaincre...
La montée des tensions
Bien que gouvernés par des colonels proches de l'extrême-droite, les Polonais s'inquiètent de la menace allemande après l'occupation de Prague par la Wehrmacht, le 15 mars 1939.Fort de ses premiers succès sur la scène internationale, Hitler ne tarde pas à revendiquer Dantzig (Gdansk en polonais), port polonais sur la mer Baltique qui coupe en deux le territoire du IIIe Reich et isole la Prusse orientale du reste de l'Allemagne. Ce «corridor de Dantzig» est un non-sens issu du traité de Versailles de 1919 qui était fatalement appelé à devenir une pomme de discorde entre les deux pays.
Dès le 31 mars, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain proclame son soutien à la Pologne. De son côté, le chef d'état-major français Maurice Gamelin rassure ses homologues polonais sur la détermination de la France à les aider de tout son poids... Pour Londres comme pour Paris, il n'est plus question de reculer face à Hitler comme à Munich à propos de la question sudète.
- La «guerre éclair»
Coupant court aux négociations sur le «corridor de Dantzig», le Führer prend prétexte d'une prétendue attaque polonaise survenue dans la nuit sur la frontière orientale de l'Allemagne pour attaquer son voisin sans s'embarrasser d'une déclaration de guerre. En fait d'attaque, il s'agit d'une macabre machination montée par l'armée allemande avec des cadavres de détenus revêtus d'uniformes polonais.
L'Angleterre se résigne à déclarer la guerre à l'Allemagne le 3 septembre après avoir jusqu'au dernier moment espéré une paix de compromis. La France agit de même cinq heures après et lance une dérisoire offensive sur quelques kilomètres en Sarre. Mais pendant les mois qui suivent, les deux alliés restent l'arme au pied, derrière la ligne Maginot, un ensemble de fortifications qui protègent la France sur sa frontière avec l'Allemagne. C'est la «drôle de guerre»...
Pendant ce temps, les bombardiers allemands clouent au sol l'aviation polonaise et détruisent les infrastructures, ponts, casernes et gares, entravant ainsi la mobilisation de l'armée polonaise, réputée être la cinquième d'Europe. La moitié de ses 42 divisions sont empêchées d'atteindre le front !
Présumant de ses forces, le maréchal Rydz-Smigly, inspecteur général de l'armée polonaise, concentre ses troupes à l'entrée du corridor de Dantzig en vue d'une marche sur Berlin ! Il escompte qu'à la frontière nord et sud, les marais et les crêtes suffiront à arrêter les troupes allemandes.
Or, c'est précisément à ces endroits-là que la Wehrmacht va porter ses efforts en s'appuyant sur ses divisions blindées, les fameuses Panzerdivisionen. Par une percée au nord à partir de la Prusse orientale et au sud à partir de la Slovaquie et de la Silésie, elle prend l'armée polonaise en tenaille.
Elle enfonce le front par des attaques combinées des chars et de l'aviation, celle-ci procédant à des attaques en piqué avec ses stukas au sinistre sifflement. Cette «guerre éclair» d'un nouveau style stupéfie les stratèges européens mais ceux-ci négligeront d'en tirer les leçons et ils seront tout autant surpris quelques mois plus tard, quand Hitler emploiera la même stratégie dans son offensive contre la France, la Hollande et la Belgique !
- Le coup de grâce
Dès le 14 septembre, la IIIe armée allemande de von Küchler, venue du nord, rejoint à l'est de Varsovie la Xe armée de von Reichenau venue de Silésie. La capitale polonaise est dès lors assiégée. Le sort de la guerre est joué.
Trois jours plus tard, l'Armée rouge de Staline s'invite au festin sans s'embarrasser non plus d'une déclaration de guerre. Elle pénètre en Pologne orientale en vertu du pacte de non-agression conclu avec Hitler le 24 août précédent et qui prévoit un partage du malheureux pays. Le gouvernement polonais se réfugie en Roumanie et Varsovie capitule le 27 septembre après une courte mais héroïque résistance.
La Pologne est le même jour partagée entre les deux larrons conformément à leur accord secret. Tandis que l'ouest revient à l'Allemagne, l'Union soviétique annexe la partie orientale et reporte sa frontière sur la «ligne Curzon», du nom de lord Curzon, secrétaire du Foreign Office britannique qui, en 1919, dans la foulée du traité de Versailles, avait dessiné les frontières de la Pologne reconstituée. Les Polonais, victorieux de la Russie bolchévique en 1920, avaient imprudemment reporté à l'est leur frontière. Staline rétablit donc en 1939 la ligne Curzon et c'est toujours celle-ci qui marque la limite orientale de la Pologne.
- La guerre devient générale
Dans la foulée de leur victoire sur la Pologne, Hitler attaque le Danemark et la Norvège et Staline la Finlande. En dépit d'une résistance héroïque, cette dernière doit finalement se soumettre comme les autres pays et signer un armistice le 12 mars 1940. Déçus par la Finlande, les Français et les Anglais le sont aussi par la Norvège. Dans ce pays, leur corps expéditionnaire doit en mars 1940 se replier en catastrophe et laisser aux nazis le contrôle du pays ainsi que l'accès aux très riches mines de fer de Suède.
Ces premiers échecs causent la chute des deux chefs de gouvernement temporisateurs, qui furent aussi les signataires des accords de Munich. Le Français Édouard Daladier est remplacé par Paul Reynaud le 21 mars. Une semaine plus tard, celui-ci signe avec le Premier ministre britannique Neville Chamberlain un engagement mutuel à ne pas conclure d'armistice ou de traité de paix séparé.
Le 10 mai 1940, le Führer met fin à la «drôle de guerre» sur le front occidental en envahissant la Belgique. Le même jour, en soirée, Winston Churchill succède à Chamberlain au 10, Downing Street avec la ferme volonté de résister au nazisme et de le vaincre...
1er septembre 1969 : Kadhafi renverse le roi Idriss Ier
Le 1er septembre 1969, alors que le roi Idriss 1er est en déplacement en Turquie, le «Mouvement des officiers unionistes libres» du tout jeune capitaine Mouammar Kadhafi, fils de berger âgé de 27 ans, organise à Tripoli un coup d'État et le dépose sans effusion de sang. Un Conseil révolutionnaire est mis sur pied.
La Libye se dote ainsi de l'un des dirigeants les plus mégalomanes et les plus incontrôlables du monde, qui ne lâchera plus le pouvoir pendant plus de quatre décennies.
Issu de la tribu des Gaddafa, né sous une tente bédouine selon une légende qu'il se plaît à entretenir, Mouammar Kadhafi a reçu une éducation religieuse stricte avant de rejoindre les rangs de l'armée en 1965.
En 1976, il publie le Livre vert, inspiré du Petit livre rouge de Mao Zedong, dans lequel il rejette aussi bien le capitalisme que le marxisme et déclare que les élections sont une mascarade. L'année suivante, son propre modèle de gouvernement prend forme à travers la proclamation de la «Jamahiriya» ou «État des masses», où le peuple gouvernerait par le biais de comités populaires. Il s'octroie le titre de «Guide de la révolution», exerçant en réalité tous les pouvoirs.
La structure tribale de la société libyenne justifie à ses yeux le refus des structures représentatives intermédiaires, le cœur de la Jamahiriya étant la relation entre l'État et les tribus. La période coloniale italienne, brève et troublée par la révolte des Bédouins, n'avait en effet laissé que des structures étatiques fragiles.
La rente pétrolière facilite les choses. Elle permet à Kadhafi d'acheter la fidélité des tribus au régime, tout en favorisant sa propre tribu, celle de Gaddafa, pourtant très minoritaire.
Dès ses premières années au pouvoir, rêvant de régner sur une grande nation arabe, Kadhafi élabore divers projets d'union avec ses voisins soudanais et égyptiens, qui tous échouent piteusement. À défaut, il occupe une bande de territoire située au nord du Tchad et tente même d'annexer ce pays avant d'en être chassé par les Français.
En 20 ans, il fomente huit projets, tous voués à rester au stade embryonnaire, de fusion avec d'autres pays africains ou arabes.
Dans les années 1990, déçu par l'attitude des autres pays arabes, il se met à plaider pour des «États-Unis d'Afrique». En 2009, lorsqu'il accède à la présidence de l'Union Africaine pour une année, il s'autoproclame «roi des rois traditionnels d'Afrique».
Alimentant à l'envi son image de personnage théâtral, il se plaît à recevoir sous sa tente dans le désert de Syrte, vêtu de la robe traditionnelle des bédouins, entouré de ses «amazones», femmes-soldats (et plus si affinités).
Au-delà de cette image fantasque, le «Guide» devient progressivement la bête noire des pays occidentaux en soutenant au nom de l'anti-impéralisme de nombreux mouvements nationalistes révolutionnaires, aussi bien palestiniens qu'irlandais.
Les Occidentaux rendent la Libye responsable de la grande vague terroriste qui les frappe dans les années 1980, notamment lors d'attentats à Rome et Vienne contre des intérêts israéliens et à Berlin contre une discothèque fréquentée par des soldats américains. Washington appelle le monde à traiter Kadhafi en paria.
Le 14 avril 1986, dix jours après l'attentat de Berlin, le président Ronald Reagan lance un raid aérien meurtrier contre ses résidences à Tripoli et Benghazi. L'ONU décrète un embargo militaire et aérien et impose des sanctions économiques au pays. Tout cela n'a pour résultat que d'aggraver l'ire de Kadhafi.
Les attentats perpétrés par des Libyens contre un Boeing au-dessus de Lockerbie en Écosse, le 21 décembre 1988, et contre un DC-10 français au Niger, le 19 septembre 1989, renforcent encore l'isolement du pays, qui refuse de coopérer avec la justice occidentale.
Pourtant, au début des années 2000, lassé d'être qualifié de chef d'État terroriste, Kadhafi entreprend de se réconcilier avec l'Occident. En 2003, il surprend le monde en annonçant le démantèlement de ses programmes secrets d'armement, puis en reconnaissant la responsabilité de la Libye dans les attentats de Lockerbie et du DC-10 d'UTA. L'un des fils de Kadhafi, Saïf Al-Islam, persuadé que le régime doit évoluer pour perdurer, est l'un des artisans centraux de ces retrouvailles avec l'Occident.
En 2007, Kadhafi consent à libérer des infirmières bulgares et un médecin palestinien emprisonnés, humiliés et torturés pendant plusieurs années sous l'accusation ubuesque d'avoir inoculé le sida à des enfants. En reconnaissance de ce «geste d'humanité» et avec l'espoir de juteux contrats d'armement et dans le nucléaire, Nicolas Sarkozy reçoit en grande pompe le dirigeant libyen à Paris.
Les chefs d'État occidentaux foulent à nouveau le sol libyen, tandis que les grandes compagnies pétrolières mondiales reviennent en Libye. Kadhafi obtient également de l'Italien Silvio Berlusconi excuses et dédommagements pour la période coloniale. Soufflant toujours le chaud et le froid, Kadhafi n'en accueille pas moins en héros national le Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie lorsque celui-ci est libéré pour raisons de santé.
En février 2011, la réintégration de Khadafi dans le paysage international vient buter sur la sanglante répression organisée par le régime contre la révolte populaire inspirée par la Révolution tunisienne. Elle montre aux dirigeants occidentaux qui avaient fait semblant de l'oublier que le «Guide» mate sans scrupule toute forme d'opposition.
La rébellion triomphe en premier lieu dans la tribu majoritaire des Warfallah, autour de Benghazi et d'où est originaire l'ancien roi. Elle laisse planer l'éventualité d'une nouvelle scission du pays entre Cyrénaïque et Tripolitaine. L'Histoire poursuit sa route...
La Libye se dote ainsi de l'un des dirigeants les plus mégalomanes et les plus incontrôlables du monde, qui ne lâchera plus le pouvoir pendant plus de quatre décennies.
- Un tout jeune homme
Issu de la tribu des Gaddafa, né sous une tente bédouine selon une légende qu'il se plaît à entretenir, Mouammar Kadhafi a reçu une éducation religieuse stricte avant de rejoindre les rangs de l'armée en 1965.
Influencé par le prestige du raïs égyptien Nasser, le nouvel homme fort de la Libye s'attribue le grade de colonel et entreprend de faire de son pays la tête de pont du panarabisme. Il fait évacuer les bases anglo-saxonnes et expulser les 12.000 Italiens qui travaillent dans le pays. Grâce à l'argent du pétrole, qui coule à flots, il entreprend des travaux titanesques dans le désert libyen, où il crée d'immenses fermes collectives et développe l'agriculture avec l'eau fossile du sous-sol. Son physique de jeune premier romantique et ses foucades lui valent dans les premières années de son pouvoir la curiosité amusée des Occidentaux et la sympathie des nationalistes arabes, lesquels doivent faire leur deuil de Nasser. |
- Le rêve impérial
En 1976, il publie le Livre vert, inspiré du Petit livre rouge de Mao Zedong, dans lequel il rejette aussi bien le capitalisme que le marxisme et déclare que les élections sont une mascarade. L'année suivante, son propre modèle de gouvernement prend forme à travers la proclamation de la «Jamahiriya» ou «État des masses», où le peuple gouvernerait par le biais de comités populaires. Il s'octroie le titre de «Guide de la révolution», exerçant en réalité tous les pouvoirs.
La structure tribale de la société libyenne justifie à ses yeux le refus des structures représentatives intermédiaires, le cœur de la Jamahiriya étant la relation entre l'État et les tribus. La période coloniale italienne, brève et troublée par la révolte des Bédouins, n'avait en effet laissé que des structures étatiques fragiles.
La rente pétrolière facilite les choses. Elle permet à Kadhafi d'acheter la fidélité des tribus au régime, tout en favorisant sa propre tribu, celle de Gaddafa, pourtant très minoritaire.
Dès ses premières années au pouvoir, rêvant de régner sur une grande nation arabe, Kadhafi élabore divers projets d'union avec ses voisins soudanais et égyptiens, qui tous échouent piteusement. À défaut, il occupe une bande de territoire située au nord du Tchad et tente même d'annexer ce pays avant d'en être chassé par les Français.
En 20 ans, il fomente huit projets, tous voués à rester au stade embryonnaire, de fusion avec d'autres pays africains ou arabes.
Dans les années 1990, déçu par l'attitude des autres pays arabes, il se met à plaider pour des «États-Unis d'Afrique». En 2009, lorsqu'il accède à la présidence de l'Union Africaine pour une année, il s'autoproclame «roi des rois traditionnels d'Afrique».
Alimentant à l'envi son image de personnage théâtral, il se plaît à recevoir sous sa tente dans le désert de Syrte, vêtu de la robe traditionnelle des bédouins, entouré de ses «amazones», femmes-soldats (et plus si affinités).
- De l'infréquentabilité au tapis rouge
Au-delà de cette image fantasque, le «Guide» devient progressivement la bête noire des pays occidentaux en soutenant au nom de l'anti-impéralisme de nombreux mouvements nationalistes révolutionnaires, aussi bien palestiniens qu'irlandais.
Les Occidentaux rendent la Libye responsable de la grande vague terroriste qui les frappe dans les années 1980, notamment lors d'attentats à Rome et Vienne contre des intérêts israéliens et à Berlin contre une discothèque fréquentée par des soldats américains. Washington appelle le monde à traiter Kadhafi en paria.
Le 14 avril 1986, dix jours après l'attentat de Berlin, le président Ronald Reagan lance un raid aérien meurtrier contre ses résidences à Tripoli et Benghazi. L'ONU décrète un embargo militaire et aérien et impose des sanctions économiques au pays. Tout cela n'a pour résultat que d'aggraver l'ire de Kadhafi.
Les attentats perpétrés par des Libyens contre un Boeing au-dessus de Lockerbie en Écosse, le 21 décembre 1988, et contre un DC-10 français au Niger, le 19 septembre 1989, renforcent encore l'isolement du pays, qui refuse de coopérer avec la justice occidentale.
Pourtant, au début des années 2000, lassé d'être qualifié de chef d'État terroriste, Kadhafi entreprend de se réconcilier avec l'Occident. En 2003, il surprend le monde en annonçant le démantèlement de ses programmes secrets d'armement, puis en reconnaissant la responsabilité de la Libye dans les attentats de Lockerbie et du DC-10 d'UTA. L'un des fils de Kadhafi, Saïf Al-Islam, persuadé que le régime doit évoluer pour perdurer, est l'un des artisans centraux de ces retrouvailles avec l'Occident.
En 2007, Kadhafi consent à libérer des infirmières bulgares et un médecin palestinien emprisonnés, humiliés et torturés pendant plusieurs années sous l'accusation ubuesque d'avoir inoculé le sida à des enfants. En reconnaissance de ce «geste d'humanité» et avec l'espoir de juteux contrats d'armement et dans le nucléaire, Nicolas Sarkozy reçoit en grande pompe le dirigeant libyen à Paris.
Les chefs d'État occidentaux foulent à nouveau le sol libyen, tandis que les grandes compagnies pétrolières mondiales reviennent en Libye. Kadhafi obtient également de l'Italien Silvio Berlusconi excuses et dédommagements pour la période coloniale. Soufflant toujours le chaud et le froid, Kadhafi n'en accueille pas moins en héros national le Libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie lorsque celui-ci est libéré pour raisons de santé.
Kadhafi honore Erdogan
Jamais en peine de provocations, Mouammar Kadhafi a remis au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan le Prix Kadhafi international des droits de l’homme 2010, en reconnaissance pour son soutien à la cause du peuple palestinien.
Erdogan a reçu sa récompense en grande pompe à Tripoli, le 29 novembre 2010, sans égard pour les dirigeants européens qui persistent à le considérer comme l'un des leurs. Il clôt ainsi une année particulièrement active qui le fait apparaître comme la personnalité politique de l'année 2010.
- Rébellion, répression, révolution
En février 2011, la réintégration de Khadafi dans le paysage international vient buter sur la sanglante répression organisée par le régime contre la révolte populaire inspirée par la Révolution tunisienne. Elle montre aux dirigeants occidentaux qui avaient fait semblant de l'oublier que le «Guide» mate sans scrupule toute forme d'opposition.
La rébellion triomphe en premier lieu dans la tribu majoritaire des Warfallah, autour de Benghazi et d'où est originaire l'ancien roi. Elle laisse planer l'éventualité d'une nouvelle scission du pays entre Cyrénaïque et Tripolitaine. L'Histoire poursuit sa route...
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