Angoulême - Victor-Hugo: une croix bien plantée

On passe devant sans forcément la voir: la croix située en direction de Lunesse conserve son secret. Elle a pourtant été volée deux fois.


"C'est pas la bonne!"Chemin de la Croix, à l'intersection de la rue Bellegarde, dans le quartier Victor-Hugo, le voisin en a vu des vertes et des pas mûres et préfère prévenir le photographe. C'est que, perchée sur sa colonne, la croix entourée d'un cercle a été volée deux fois dans le passé.

ça se voit d'ailleurs à la différence de couleur entre la croix pimpante et son socle tout écaillé. Il faut quand même dire que depuis quelques années, elle n'a pas bougé... La bénédiction de l'évêque d'Angoulême, Monseigneur Dagens, aurait-elle été aussi efficace contre les voleurs que l'ail pour lutter contre les vampires? «On a des archives photos, la croix a été refaite à l'identique à deux reprises, mais la dernière a été scellée avec un élément métallique à l'intérieur de la colonne», souligne Florent Gaillard, responsable des archives municipales et président du comité de quartier Victor-Hugo.


A vrai dire, on ne sait pas grand-chose sur ce patrimoine. Aucun écrit n'a été retrouvé dans les archives. En tout cas, ce n'est pas la croix de Lorraine. Croix celte qui se serait perdue dans le Sud-Ouest de la France? Sans doute pas. «On retrouve une croix dans le même genre à L'Houmeau, avant le pont Saint-Antoine, précise Florent Gaillard. Ces croix marquaient sans doute les limites de la commune d'Angoulême. Le cercle représente la franchise dont bénéficiaient les habitants: à l'intérieur, c'est une sorte de zone franche médiévale.»

Il faut croire que la croix de franchise a été déplacée par rapport à son emplacement d'origine. Et qu'elle aussi en a vu des vertes et des pas mûres. C'est la tradition orale qui le rapporte. «Les anciens racontent qu'on y laissait autrefois des bébés nés hors mariage que l'on voulait abandonner», dit Florent Gaillard. Un objet favorisant la fertilité? C'est peut-être pour cela qu'on a volé la croix plusieurs fois!

Source: Charente Libre du 08/08/2011